Et si nous partions en randonnée exploratoire ?
À la différence de la randonnée classique, c’est une sortie dont l’objectif principal est l’exploration d’un itinéraire inconnu, peu fréquenté ou non balisé :
- Nous aurons un objectif d’exploration : découvrir un nouveau sentier, tester la praticabilité d’un itinéraire, explorer une zone peu cartographiée.
- Nous devrons veiller à bien nous orienter, car le balisage sera rare absent, et nous nous outillerons en conséquence.
- Pour nous préparer, nous devrons rechercher les informations disponibles, mêmes lacunaires, sur le territoire exploré.
- Le parcours nous permettra d’enrichir nos connaissances du territoire exploré et probablement aussi d’identifier des destinations futures.
- Nous serons prêts à adapter notre parcours à mesure de la progression et de la découverte du terrain, de façon à concilier l’exploration avec le temps et les réserves disponibles.
La ressemblance n’est-elle pas frappante entre la randonnée exploratoire et le voyage en incertitude qu’est l’innovation ?
Innover, c’est partir en randonnée exploratoire.
Penchons-nous un peu sur les incertitudes qui nous attendent.
Même si certaines portions de l’itinéraire peuvent s’apparenter à de la promenade, d’autres pourront se révéler plus délicates et difficiles. Le sentier sera peut-être étroit, sinueux, tortueux, voire inexistant. Il y aura probablement des obstacles à franchir ou contourner, des côtes à gravir, des déserts ou des zones humides à traverser. Le terrain est susceptible de varier considérablement, tantôt praticable, tantôt boueux, caillouteux, instable ou glissant. Le mauvais temps s’invitera peut-être. Par endroits, la visibilité pourrait diminuer considérablement et compliquer le repérage, jusqu’à la désorientation. Des fausses pistes, des boucles et des impasses ne sont pas exclues.
Mais peut-être aussi qu’on bénéficiera d’une météo clémente, qu’on découvrira des raccourcis ou des portions balisées, qu’on pourra profiter de hauteurs qui permettent d’embrasser le paysage et trouver la route ou qu’on croisera d’autres randonneurs… ou pas !
La conclusion est évidente : la randonnée exploratoire est un exercice qui ne s’improvise pas.
À présent, imaginons d’inviter les collaborateurs d’une entreprise à partir en randonnée exploratoire. Seuls. Sans formation préalable. On apprend « sur le tas ».
Que va-t-il se passer ?
Avec un peu de chance, quelques-uns seront déjà plus ou moins familiers de l’exercice. Ceux-là seront confiants et partants, estimant qu’à condition d’être convenablement préparé et équipé, les choses devraient bien se passer.
Il y aura sans doute aussi quelques volontaires intrépides pour se lancer dans l’aventure. Ceux-là risquent bien vite, victimes de leur inexpérience et de leur témérité, de se retrouver bloqués ou perdus quelque part, en attente des secours.
Et il y aura les autres, c’est-à-dire la majorité : face à la perspective de tant d’incertitudes et d’embûches, la plupart seront découragés et ne partiront pas.
Absurde, n’est-ce pas ?
Et pourtant, beaucoup d’organisations se lancent dans une démarche d’innovation sans y préparer leurs collaborateurs.
Vous souhaitez que vos collaborateurs innovent plus ? À l’instar de nos randonneurs, habituez-les à prendre les chemins de l’innovation. Et pour cela rien de mieux que de combiner persistance et progressivité.
Jour après jour, facilitez les petites innovations. Ce faisant, vous leur ouvrez des chemins et vous les habituez à les explorer. C’est important, car si l’opportunité d’une innovation plus ambitieuse se présente, ils ne seront pas démunis.
Mieux : vous constaterez qu’ils chercheront à emprunter ces chemins, y compris lorsqu’ils sont un peu trop étroits. Et non seulement ils trouveront le moyen de passer, mais ils iront plus loin encore, et en ouvriront de nouveaux !
