S’il est une association d’idées répandue en matière d’innovation, c’est bien celle qui lie innovation et technologie. Vous pouvez faire le test et demander à votre entourage de répondre du tac au tac par un adjectif aux noms que vous énoncerez : à l’instar d’un d’une couleur « éclatante », d’une peur « bleue », d’une chaleur « torride » ou d’une passion « dévorante », il y a de bonnes chances que l’innovation soit « technologique »* !
Derrière cette association quasi-automatique se cache un préjugé, une idée reçue, comme quoi l’innovation reposerait en premier lieu sur des fondations technologiques.
D’accord, ce n’est pas vraiment faux : les avancées obtenues au travers d’efforts de recherche et développement sont la plupart du temps d’ordre technologique et constituent souvent un terreau fertile pour l’innovateur.
Cependant, faire le raccourci entre innovation et technologie, c’est un peu comme prendre l’autoroute : on va rapidement du point A au point B (du moins, s’il n’y a pas de bouchons), mais on passe à côté de tout un tas de choses.
Mais surtout, derrière ce cliché se cache un problème auquel tout leader devrait prêter attention.
Il y a quelques années, j’étais intervenu devant une bonne centaine de collaborateurs d’une ETI. Mon intervention s’était très bien passée, avec beaucoup d’énergie, d’attention et d’interactions positives, et pas mal de questions.
C’est alors que j’avais demandé aux participants « parmi vous, qui se sent acteur de l’innovation ? » en invitant les participants qui se reconnaissaient à lever la main. Quelle ne fut pas ma surprise de ne voir qu’une douzaine de mains se lever !
En interrogeant plusieurs des participants qui n’avaient pas levé la main, j’ai pu rapidement souligner le noeud du problème : la plupart d’entre-eux s’estimaient insuffisamment compétents sur le domaine technologique et, de ce fait, hors-jeu pour innover. En résumé : « je n’y connais rien en technologie, je ne peux pas innover. »
Je n’y connais rien en technologie, alors je ne peux pas innover.
En réalité, c’était pire encore : bien qu’une bonne partie de l’audience soit constituée de techniciens et d’ingénieurs, une majorité d’entre-eux, ne se jugeant pas à la pointe, se considéraient, eux aussi, hors-jeu.
Ainsi, ce qui apparaît dans un premier temps comme une simple demi-vérité (l’innovation, c’est souvent technologique … mais pas que) se révèle finalement comme un énorme obstacle (il faut être un crack en technologie pour pouvoir innover) susceptible de concerner 90% des collaborateurs !
On comprend dès lors l’importance cruciale, dans le développement de la culture d’innovation d’une organisation, de faire la chasse aux mythes et idées reçues, et de leur opposer des messages et des démarches qui mobiliseront l’ensemble des collaborateurs.
Il y a 1001 façons d’innover : quelles sont les vôtres ?
(* ça marche aussi pas mal avec « disruptive », on en reparlera !)